La migration des ingénieurs tunisiens à l’étranger

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 Depuis ces deux dernières décennies, des profonds changements apparaissent au niveau de la structure démographique tunisienne. En effet, les statistiques officielles affichent une nette tendance à l’émigration des cadres, des professions libérales et des ouvriers à l’Hexagone. Le nombre des compétences tunisiennes composées des ingénieurs, des techniciens qui fuient en France est en hausse depuis la période après la révolution en 2010. En revanche, le nombre des ouvriers cherchant à s’installer dans la « patrie-mère » ont connu une baisse comparé aux statistiques des immigrants de l’année 1980. Tour d’horizon sur cette migration des ingénieurs tunisiens en France.

Les données relatives à la mobilité franco-tunisienne

 La plupart des Tunisiens rêvent de quitter le pays pour s’expatrier ailleurs où l’herbe est plus verte. La Tunisie figure en deuxième rang de fuite de compétences dans les pays arabes. La France figure en première liste des pays d’accueil des ingénieurs, architectes et enseignants expatriés du pays. Elle est suivie par l’Italie et l’Allemagne. Outre l’Europe, l’Amérique du nord (Canada) et les pays arabes attirent également les chercheurs et les ingénieurs. Une minorité s’installe aussi en Afrique et en Australie.

Par ailleurs, les statistiques indiquent que plus de 86 % des Tunisiens qui travaillent en France sous contrat sont des ingénieurs notamment dans le domaine informatique. La France facilite aussi l’obtention de visas car pour l’année 2016 par exemple, elle a accepté 121 771 visas et refusé seulement quelque 28 200 visas. Ce qui fait 90 % environ de demande de visas accordés pour la France pendant cette année 2016. 9,3 % environ de ces visas accordés sont de long séjour.

Les chiffres de cet exode de cerveaux tunisiens indiquent également que 95 % des ingénieurs qui ont suivi une formation à l’étranger n’éprouvent pas le désir de rentrer au bercail après leurs études. Ce sont dans la majorité des ingénieurs dans le TIC. Les jeunes étudiants qui se forment en France ne souhaitent pas aussi revenir au pays même si leur patrimoine est significatif. Le phénomène touche également les chercheurs universitaires car depuis 2011, plus de 1800 professeurs à l’université ont décidé d’émigrer vers l’étranger. Or, cet exode massif produit un effet néfaste sur la qualité de l’enseignement dans les universités tunisiennes. Le manque de professeurs se fait voir dans certaines filières.

Quelles sont les causes de cette émigration ?

Nombreuses sont les raisons qui poussent les ingénieurs tunisiens et les autres émigrants à s’expatrier. En premier lieu, il y a le taux de chômage accru dans le pays. Car même si les sortants des écoles d’ingénieur ne sont pas aussi dévalorisés que les sortants universitaires, et qu’ils ont un certain prestige, ils ne décrochent pas tous des emplois. Cela est dû à au nombre insuffisant des entreprises et industries dans le pays. La plupart des structures existantes sont aussi des PME. Ce qui fait que le nombre d’ingénieurs sortants dépasse la capacité d’emplois du pays. Ainsi, selon le propos du président de l’ordre des ingénieurs, 40 % des ingénieurs agronomes sont au chômage pendant une période assez longue, avant de trouver un poste qui ne satisfera pas leur attente. Et même ceux qui sont en poste ne se considèrent pas comme ayant un salaire à la hauteur de leur compétence. Ce sentiment d’impuissance et de stagnation motive les ingénieurs à chercher d’autres voies plus prometteuses. A titre d’info, le salaire moyen d’un ingénieur tunisien environne 600 dinars. Ce qui est la moitié du salaire d’un médecin d’état. C’est pourquoi, on a recensé plus de 2500 fuite d’ingénieurs vers l’étranger ces dernières années en Tunisie parce que le pays n’est pas en état de répondre à leurs revendications.

Le deuxième motif de cette immigration est la recherche de meilleures opportunités et de salaires plus satisfaisants. Les salaires en Europe sont le quadruple de ce que les ingénieurs touchent dans le pays, et même si on tient compte du coût de la vie en France, les ingénieurs émigrants bénéficient de meilleures conditions de travail. Ils peuvent envisager d’entreprendre des projets ambitieux, booster leur carrière et réclamer la dignité qu’ils n’ont pas trouvée dans le pays. Cette quête de reconnaissance de leurs valeurs constitue également le motif de départ des chercheurs universitaires tunisiens. Mentionnons également qu’un ingénieur en informatique tunisien qui est certifié dans le langage Microsoft, Linux etc. a toutes les chances de partir en Amérique ou auCanada où il pourrait recevoir un salaire plus attractif. Même ceux qui sont restés dans le pays et qui possèdent ces spécialités sont recherchés par les grandes puissances.

D’autres profils ingénieurs fuient également le pays parce qu’ils sont las de faire un boulot qui ne le motive pas. Dans certaines entreprises, le salaire est satisfaisant, mais la répétitivité du travail (le fait de travailler comme des machines) ou le manque de responsabilité ne permet pas leur épanouissement. Et cela touche non seulement le secteur public mais aussi le secteur privé.

Il y a également le fait que les jeunes n’ont pas d’opportunités de s’épanouir dans le secteur administratif du pays à cause de manque de civilité au quotidien, d’absence d’organisation etc. Or, dans les pays développés, l’ambiance au travail est une priorité. Les valeurs humaines sont des vertus importantes et les travailleurs sont plus motivés. La société européenne, américaine et asiatique affiche également moins d’exigences sur le mode de vie au quotidien que la société tunisienne.

Tous ces motifs ont fait qu’une fois les ingénieurs et d’autres professionnels qualifiés ou non trouvent le moyen de quitter le pays, ils ne sont plus pressés de rentrer dans leur pays d’origine. Vu que les opportunités financières et l’ambiance dans les pays européens dépassent celles qu’ils trouvent en Tunisie. Certains pourraient envisager le retour au pays à condition qu’ils aient assez de ressources financières pour s’installer à leur compte et qu’ils ont un cursus professionnel intéressant. D’autres choisissent tout simplement l’option de regroupement familial pour être bien enraciné dans leur pays d’accueil.

Quelle est la prise de position du gouvernement concernant cette immigration ?

 Le ministre des affaires sociales Tunisien, Mohamed Trabelsi ne semble très préoccupé de ce phénomène. Selon ses propos, le gouvernement va instaurer une base de données des cerveaux résidant à l’étranger afin de tisser un lien avec ces personnes et les structures ou instituts qui les emploient. Il pense ainsi que ces personnels qualifiés auront un jour la possibilité de devenir des investisseurs qui contribuent au développement économique de la Tunisie. Le chef de gouvernement a appuyé ses propos en invoquant une stratégie qui permet d’attirer les cerveaux tunisiens à l’étranger afin de les inciter dans l’investissement dans le pays. Ce plan pour les compétences tunisiennes à l’étranger fait d’ailleurs l’une des options des 13 plans de développement de l’année 2016 à 2020. Or, cette acceptation de l’exode de cerveaux tunisiens œuvre en faveur de la communauté internationale qui bénéficie de ces compétences. Alors qu’au pays, les professeurs encadreurs sont en manque. L’immigration vers l’étranger permet aux ingénieurs et aux autres profils moins qualifiés d’améliorer leur qualité de vie et de satisfaire leurs besoins financiers mais une fuite massive de cerveaux pourrait impacter sur l’économie à long terme. Ce phénomène mérite une étude profonde afin de trouver une solution à ce brain drain qui s’amplifie chaque année.

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